Woody Allen a deux amours : la clarinette et Paris
Swing lent sur des images de cartes postales. Clarinette, jazz New Orleans, et vues de Paris sous la pluie : la nostalgie façon Woody Allen étreint les spectateurs en quelques séquences. Son film "Minuit à Paris" est la bonne surprise de l’ouverture du 64e Festival de Cannes, ce soir.
On ne pouvait en effet imaginer film plus autobiographique. Parce qu’il n’y a rien de plus cher à Woody Allen que la clarinette et le jazz New Orleans, qu’il joue régulièrement en concert - il se produisait d’ailleurs à Paris, début avril, avec son New Orleans Jazz Band. Et parce qu'il n’y a que Woody Allen pour rapprocher les ruelles parisiennes et les orchestres du delta du Mississippi...
Le film est autobiographique aussi parce que Owen Wilson, l’acteur principal du film, c’est un peu lui. Certes, Woody Allen dira en conférence de presse que le jeune acteur californien "est tout à fait le contraire de [lui]", et que cette différence l’a beaucoup aidé. "C’est un beach boy de la côte ouest, très détendu." Mais Owen Wilson a tellement bien travaillé son personnage "à la Woody", et particulièrement sa diction, qu’à certains moments où il est hors-écran en voix-off, on jurerait entendre le maître.
Gil Pender (Owen Wilson) débarque de Californie dans la capitale française avec sa fiancée, Ines (Rachel McAdams) et ses futurs beaux-parents. Le jeune Américain, scénariste à Hollywood, rêve de s’installer pour de bon à Paris et de devenir un grand écrivain. Sa future épouse, elle, préfère les plages de Malibu.
Le couple dépose ses valises dans un hôtel parisien (ultra-chic, forcément...), et visite Versailles, Giverny et le musée Rodin (où Carla Bruni-Sarkozy joue la guide). Woody montre le Paris que connaissent les Américains friqués : des cartes postales à 2 euros, des antiquaires qui vendent des chaises en bois à 18 000 euros et des palaces hors de prix.
Puis, Gil se retrouve seul. (Attention, si vous voulez apprécier pleinement la surprise du film, mieux vaut ne pas lire la suite. Mais Woody Allen a tellement bien gardé secret le principal ressort de son long-métrage qu’on meurt d’envie de vous en donner un avant-goût.)
(Léa Seydoux, Woody Allen et Rachel McAdams. Crédit photo : Mehdi Chebil pour FRANCE 24)
Quand les 12 coups de minuit sonnent, une vieille voiture à cocher apparaît et d’inconnus voyageurs invitent le jeune Américain à s’y engouffrer. Celui-ci réalise alors son rêve : discuter le bout de gras avec Ernest Hemingway (Corey Stoll) et Scott Fitzgerald (Tom Hiddleston), être copain de bistrot avec Salvador Dali (personnage qui colle à la peau d’Adrien Brody, ici photographié par Mehdi Chebil pour FRANCE 24), faire lire son manuscrit à Gertrude Stein (campée par l’épatante Kathy Bates)... et tomber raide sous le charme de la maîtresse de Pablo Picasso (Marion Cotillard, sublimée).
Un Woody Allen qui assume son amour des années folles, du charleston et des surréalistes, qui met en scène la folie de Zelda Fitzgerald et fait chanter Cole Porter au piano : le festival en redemande.
Preuve que la thématique plaît : il n’y a pas plus nostalgique que les Cannois. "Tu sais, avant, on pouvait entrer au Majestic* en se faisant passer pour un stagiaire. Aujourd’hui, c’est impossible, y’a trop de sécurité...", soupire un jeune homme qui bavarde avec un ami dans la rue. Cet habitué de La Croisette n’a pas 20 ans qu’il regrette déjà le bon vieux temps…
*l'un des hôtels les plus chics de Cannes
PS : A voir, nos photos des préparatifs de la soirée "Midnight in Paris", sur Facebook.
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