Rencontre avec Tony Mpoudja, jeune acteur noir qui rêve de tourner avec Spike Lee
En promo sur la Croisette, il n’y a pas que Johnny Depp et Penelope Cruz, venus faire le tour des médias pour le très prévisible "Pirate des Caraïbes". On croise aussi à Cannes des centaines d’acteurs qui cherchent à décrocher leur prochain rôle, faire avancer leur carrière, rencontrer du beau monde et jouer des coudes dans ce milieu hyper-concurrentiel.
Parmi eux, Tony Mpoudja. Né à Paris, âgé de 30 ans, il se présente comme acteur et musicien. Il a fait ses débuts dans le cinéma en 2001, dans le film de Fabrice Genestal sur des jeunes des cités, "La Squale". Il a ensuite joué plusieurs seconds rôles, y compris dans "35 rhums" (2008) de Claire Denis.
Tony Mpoudja nous explique pourquoi il est sur la Croisette, quelles sont ses ambitions, ses projets futurs, et quelle place occupent les Noirs dans le cinéma français aujourd’hui.
Qu’est-ce que vous êtes venu faire à Cannes ?
Je fais la promotion de deux films qui ont été tournés cette année : “La mer à boire”, de Jacques Maillot avec Daniel Auteuil, et un film pour la télévision, “Pierre Goldman” de Christophe Blanc, avec Samuel Benchetrit. Je tiens des rôles plutôt importants dans ces films.
Vous prenez le temps d’aller aux soirées ?
Je suis allé à six soirées hier soir. Celle de l’hôtel Martinez était super.
Quelle place ont aujourd’hui les acteurs des minorités visibles dans le cinéma français ?
Je pense que c’est en train d’évoluer. Mais il y a toujours un souci dans l’écriture des scénarios et le type de personnage qui est réservé aux acteurs noirs en France. Pourtant, il y a plein de choses à faire. Aujourd’hui, en 2011, tout devrait être possible !
Aux États-Unis, il y a plein de Blacks et de Latinos qui marchent bien en tant qu’acteurs. C’est possible aussi en France. On devrait même pouvoir faire mieux. Il faudrait avoir l’intelligence d’écrire de bons scénarios et de trouver de bons rôles pour les acteurs des minorités. C’est pourquoi je suis dans le cinéma. Je veux faire évoluer les mentalités. Je veux être un exemple. Et j’espère que dans quelques années, on pourra voir un acteur noir en haut de l’affiche d’une grosse production française.
Les rôles pour lesquels vous auditionnez sont spécialement écrits pour des acteurs noirs?
Parfois oui, c’est écrit dans le scénario que l’acteur devrait être noir. Ensuite, avec mon agent, on repère aussi des rôles qui n’étaient pas forcément prévus pour des acteurs noirs. Et on discute avec l’équipe du film pour voir ce qui est possible.
En fait, je ne crois pas que le problème soit tellement la faute des scénaristes. Pour moi, ça coince surtout au niveau des producteurs. Ils veulent faire de l’argent et ne veulent pas prendre de risques. Mais s’ils n’essaient pas de prendre des acteurs noirs, ils ne sauront jamais si ça marche ou pas.
Qui sont les acteurs qui vous influencent ?
J’adore ce que fait Djimon Hounson. Et puis Robert De Niro, bien sûr. Leonardo Di Caprio compte parmi mes acteurs préférés. Et puis Brad Pitt, Wesley Snipes, Will Smith – j’aime beaucoup son style... Et aussi Sean Penn.
En France, Vincent Cassel est parmi les meilleurs acteurs, toutes générations confondues. J’aime bien aussi Nicolas Duvauchelle [une des stars du film "Polisse" de Maïwenn, en compétition]. Tout le monde dit que je devrais travailler avec lui. Et quand je l’ai vu hier soir, il m’a dit que tout le monde lui dit qu’il devrait travailler avec moi !
Et avec quels réalisateurs voudriez-vous travailler ?
Parmi les cinéastes français, j’aimerais particulièrement travailler avec Jacques Audiard [qui a dirigé “De battre mon coeur s’est arrêté" en 2005, et "Un Prophète" en 2009]. Ce cinéaste est très intelligent, c’est un artiste déjanté.
J’aimerais tourner également avec Tony Gatlif et Olivier Assayas [membre du jury de la sélection officielle cette année, et directeur de "Carlos" qui a été projeté à Cannes l’année dernière].
Dans l’idéal, j’aimerais travailler aussi avec des réalisateurs américains : Spike Lee, Steven Spielberg, Terrence Malick... J’adorerais par-dessus tout tourner un biopic sur le musicien et militant nigérian Fela Kuti !
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