Lars Von Trier a volé la vedette à Pedro Almodóvar

Kirsten Dunst aux côtés de Lars Von Trier à la conférence de presse du film "Melancholia".

 

Drôle de jeudi sur la Croisette. Ce devait être la journée Pedro Almodóvar. Le cinéaste présentait en compétition "La Piel que habito" (La peau que j’habite). Les hispanophones l'attendaient pressément depuis le début du Festival, et avec eux, l’ensemble des cinéphiles qui avaient aimé ses précédents opus, "Étreintes Brisées" (2009),"Volver" (Prix du scénario en 2006), et surtout "Parle avec elle" (2001) et "Tout sur ma mère" (Prix de la mise en scène en 1999).

 

Mais Lars Von Trier est venu lui voler la vedette. Une heure après la fin de la projection de "La Piel que habito", le réalisateur danois était déclaré "persona non grata" par la direction du Festival pour ses propos sur Adolphe Hitler (lire le billet précédent). Et la Croisette se désintéressait déjà du dernier Pedro Almodóvar.

 

Il faut dire que le cinéaste espagnol n’a pas livré un film inoubliable. Dès les premières mesures, les cordes pressantes annoncent un film tragique comme un tango. Et s'installe cette ambiance qu'on connaît bien chez Almodóvar : haletante et labyrinthique.

 

 

 

On ne vous révélera pas le scénario du film. Déjà parce qu’on gâcherait tout le plaisir de le voir. Et ensuite parce que résumée en deux lignes, l’intrigue est totalement improbable. Voici juste le point de départ de l’histoire : un chirurgien esthétique séquestre une femme, qu’il a remodelée entièrement à l'image de son épouse décédée. Et on apprend que sa fille a été victime d'un viol...

 

"La Piel que habito" remplit assez bien son contrat de thriller, parfois même de film d'horreur. Mais les transitions manquent de liant, le scénario est éclaté… Bref, la greffe ne prend pas.

 

Dans les ruelles de Cannes, les mauvaises langues disent que si Almodóvar a autant hésité à présenter son film au Festival, c’est peut-être qu’il avait lui-même des doutes...

 

Pedro Almodóvar et l'actrice Elena Ayana, photographiés par Mehdi Chebil pour France 24.

 

La petite musique de la Croisette était donc à l’incompréhension, ce jeudi. Pourquoi Almodóvar a-t-il déçu ? Pourquoi Lars Von Trier a-t-il dérapé lors de sa conférence de presse, hier ? Et est-ce que ça valait vraiment une sentence sans appel du Festival ?

 

"Son film est (exceptionnellement) nul, mais de là à expulser Lars Von Trier... Il plaisantait, les mecs....", commente un des critiques de film à Télérama, Aurélien Ferenczi, sur son compte Twitter.

 

Même son de cloche chez Lisa Nesselson, critique américaine, qui juge la réaction du Festival disproportionnée.

 

 

 

Propos idiots dans la bouche d’un homme qui maîtrise imparfaitement l’anglais ? Ultime provocation d’un cinéaste à scandales ? Difficile d’entrer dans la tête du personnage. Pour vous faire une idée sur la question, voici la vidéo de la conférence de presse.

 

 


Pour terminer ce billet sur une note réconfortante, autant vous parler du moment de grâce du film "La Piel que habito". Comme souvent chez Pedro Almodóvar, l’intrigue est suspendue le temps d’une chanson envoûtante. Le cinéaste ayant du goût, il a choisi Concha Buika. À écouter le chant de l'Espagnole, on en oublierait tous les soucis de Cannes.

 

 

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