Les pronostics pour la Palme...

"Les goûts du jury sont toujours imprévisibles, à mille lieux de ce que pense la critique, et je m’attends à tout". Voilà en général le préambule à toute discussion lorsque vous parlez du futur palmarès avec des journalistes.

 

Bien sûr, chacun a ses préférences. Dans la salle de rédaction commune à RFI et à France 24, on s’est amusé à faire nos propres pronostics. Les voici (personnellement, je choisis "Le Havre" pour la Palme d'Or, à la 3e ligne…) :

 

 

Quasi-unanimité pour récompenser l’Américain Terrence Malick, et son goût pour mêler l'intime et le grandiose dans "The Tree of Life" ; l'art intemporel et finement rythmé du Finlandais Aki Kaurismäki dans "Le Havre" ; et enfin, l’irrésistible envie de danser que procure "The Artist" (du Français Michel Hazanavicius).

 

Du côté des performances d’acteurs, l’actrice Tilda Wilson (dans "We need to talk about Kevin", de Lynne Ramsay) a marqué tous les esprits dans son rôle de mère culpabilisée par la psychose de son fils. Kirsten Dunst, jeune mariée qui perd les pédales et sombre dans la dépression dans "Melancholia", de Lars Von Trier, fait également mouche. Du côté des hommes, Michel Piccoli s’est adjoint les faveurs de la rédaction pour son rôle de pape candide dans "Habemus Papam", et André Wilms, cireur de chaussure au regard sévère et au cœur d’or dans "Le Havre".

 

Quelques goûts personnels des journalistes font ressortir "Footnote", film israélien de Joseph Cedar (que mon collègue Jon Frosch a beaucoup apprécié, et je ne suis pas loin aussi de penser qu’il mériterait au moins le prix du scénario; mais la presse française l'a globalement ignoré) ; "Pater" d’Alain Cavalier, avec Vincent Lindon (qui a reçu un accueil élogieux essentiellement dans la presse française) et deux films restés très discrets : "Ichimei", film en 3D du Japonais Takashi Miike et "Sleeping Beauty" présenté par la nouvellement réalisatrice Julia Leigh.

 


Les derniers films entrés en compétition ont réservé de bonnes surprises. Particulièrement "Once Upon a Time in Anatolia" ("Bir Zamanlar Anadolu"), film qui fait pénétrer dans la douceur de la nuit turque, sous les étoiles, au milieu des herbes rases des steppes d’Anatolie. Nuri Bilge Ceylan, le réalisateur qui avait déjà séduit les cinéphiles avec "Les Climats" (2006), suit une brigade de police perdue et fatiguée, à la recherche d’un corps enterré quelques heures auparavant. L’enquête policière est une piste, assez intéressante pour créer de la tension ; la personnalité de ces hommes éreintés est un autre volet du film, encore plus prenant.

 

Les conversations se lient et se délient, autour du fromage de buffle, de la prostate du procureur et de l’histoire tragique de la femme la plus belle du monde qui est morte cinq mois après avoir donné naissance à un enfant… "Once Upon a Time in Anatolia" aurait même pu se contenter de se dérouler uniquement dans la moiteur de cette nuit interminable. Le film aurait sûrement été encore plus dense. Malgré tout, l’intensité est là, immuable. Dans le regard d’une jeune fille qui sert le thé, dans le désespoir d’un policier qui fuit son épouse et sa maison, dans l’incompréhensible disparition de la femme la plus belle du monde…

 

Le film de Ceylan mériterait-il une Palme d'Or ? Un prix, certainement.

 

 

La récompense qui manquera au palmarès, dimanche soir : le prix - encore à inventer - de la meilleure musique de film. On aurait aimé l’adresser à Alberto Iglesias et à Concha Buika, pour la tension et la détente qu’ils influent au film de Pedro Almodovar. Ou à David Byrne, pour le groove tranquille qu’il installe dans le film "This must be the place". A Berlioz, Beethoven et Arvo Pärt pour avoir inspiré respectivement Terrence Malick, les frères Dardenne et Paolo Sorrentino… Peut-être la direction du Festival l’entendra-t-elle d’une autre oreille dans les prochaines éditions de Cannes ?

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3 Comments
Très bon film. A t-il eu la palme ? jeux de bebe
J'ai suivi avec passion sur FRANCE24 le festival de Cannes , je voudrais ici vous féliciter pour votre magnifique travail et si une Palme d'Or est décernée aux envoyés spéciaux , je serais favorable pour une personne dont j'admire le professionnalisme dans toutes ses émissions , je citerais Mademoiselle AZIZA NAIT SI BAHA que j'applaudis très fort ! Je voudrais que vous lui fassiez part de mon encouragement et mes souhaits pour plus de réussite ! Merci et cordialement , Mbarek de Casablanca !
Si je peux marquer, le nom d'actrice est Tilda Swinton, pas Tilda Wilson.

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